Sabre de la manufacture de Versailles donné par le Premier consul Bonaparte,
garde en laiton, époque Consulat, 1799-1800,
l. 108 cm.
Frais compris : 156 500 €.
Jeudi 7 avril, salle 1 - Drouot-Richelieu



Déjà impérial

En matière d’art militaire, la précision est de rigueur. Et de précision, la fiche descriptive de ce magnifique sabre n’en manque pas. Sa garde est en laiton finement ciselé et doré, la calotte en forme de tête de lion entourée de perles et ornée d’écailles sur l’arrière, sa fusée en ébène, sa lame en damas agrémentée de motifs orientaux et de signes cabalistiques en or, et son fourreau, en bois à crevés, recouvert de chagrin. Tous ces détails lui confèrent une majesté déjà impériale, bien qu’à l’époque de sa fabrication par la célèbre manufacture de Versailles, dirigée par le non moins fameux Nicolas-Noël Boutet (1761-1833), Napoléon Bonaparte n’est encore que Premier consul ! Ils lui ont valu d’être présenté lors de l’exposition «Quand Bonaparte devint Napoléon» à Wasquehal en 2004 et, 125 000 € plus tard, de rejoindre les collections du château de Fontainebleau. La mention gravée sur le devant de la chape, «Journée de St cloud 19 Brumaire an 8», apporte l’information selon laquelle il fut offert par Bonaparte au cours de cette journée particulière qui succédait au coup d’État du 18 brumaire (9 novembre 1799). Le 19 au matin, les députés, en grande agitation, se rendent à Saint-Cloud. Bonaparte et son escorte y arrivent aux environs de 12 h 30. L’heure est grave, la réussite du coup d’État n’étant pas assurée. Après de multiples tentatives pour le faire échouer, le succès est avéré et le 4 nivôse, le Consulat est mis en place avec, à sa tête, Cambacérès, Lebrun et Bonaparte. C’est donc un véritable petit monument de l’histoire de France que le château s’est offert à Drouot !
Gazette 15 du vendredi 15 avril 2016