Une coupe de la Laiterie de Rambouillet

Seule une vingtaine de pièces du « service étrusque » commandé pour la Laiterie de Rambouillet de la reine Marie-Antoinette par le roi Louis XVI sont connus aujourd’hui sur les 65 pièces d’origine. Parmi elles, une coupe sur piédouche dite « jatte à anse étrusque » est  présentée aux enchères par Thierry de Maigret, commissaire-priseur, et Vincent L’Herrou, expert, le mercredi 18 novembre 2015 à l’Hôtel Drouot. Cet objet, estimé entre 200 000 et 300 000 euros, est exceptionnel par sa facture et sa rareté.
La coupe a été exécutée et livrée en 1787 - 1788 comme l’indique au revers la lettre date KK. Elle est décorée sur chaque face d’un profil d’une femme à l’antique, encadré d’entrelacs rouges et de plumets violines. La base, au piédouche et les anses décorés d’un bandeau rouge orangé avec des ornements géométriques «étrusques » en noir.
Il existe dans cette commande pour la Laiterie de Rambouillet trois formes de jattes : « jatte à anse étrusque », « jatte au bandeau » et « jatte écuelle ». Dans l’extrait de « l’état des porcelaines » (archives de Sèvres) pour la Laiterie du roi à Rambouillet le 25 mai 1787 et ensuite le 15 mai 1788, on y note « quatre jattes à anse étrusque » en projet. Dans le document concernant « les pièces finies », on note une « jatte à anse étrusque a longée décoration de têtes de femmes ». Il s’agit de la jatte que nous présentons qui a probablement été la seule réalisée.
Les formes des pièces de ce service ont été influencées par la collection de 525 poteries antiques achetées par Dominique-Vivant Denon pour la manufacture royale. Les dessins préparatoires sont réalisés par le peintre Jean-Jacques Lagrenée Le Jeune (directeur artistique associé de la Manufacture depuis 1785).
Le projet de la Laiterie de Rambouillet rassemble plusieurs artistes majeurs de la période. Le Comte d’Angiviller nomme Hubert Robert, res­ponsable général du projet. La conception des formes fut confiée à Louis Simon Boizot et Jean-Jacques Lagrenée eut en charge la conception du décor.
La Laiterie de Rambouillet a été offerte à Marie-Antoinette par Louis XVI, la reine trouvant ce domaine de chasse trop « gothique ».  Erigée en 1785, il s’agit d’une œuvre d’art totale illustrant le nouveau goût de la reine pour notamment le retour à l’antique. Ce service est l’un des derniers commandés par la couronne à la veille de la Révolution, il illustre le nouveau goût pour le néo-classique.
La Laiterie fut ouverte à des visiteurs privilégiés en 1787. On y servait des tartes aux fruits et divers rafraîchissements incluant tout ce qui provenait du lait des brebis, des chèvres et des vaches comme des glaces, sorbets, crèmes fraiches, fromages laitages… Les cheptels d’animaux amenés sur place, provenaient d’une sélection des meilleures races pour exemple les moutons et brebis de race Mérinos arrivèrent d’Espagne
 
            La vente du 18 novembre 2015 regroupe des lots de céramiques variés avec notamment la collection de  Jean-Pierre Soisson avec des pièces de Nevers des XVIIème et XVIIIème, un service d’accouchée exceptionnel de la manufacture de Pesaro du XVIIIème siècle estimé 25 000 euros, un ensemble de céramiques de Théodore Deck. Les lots de la vente seront exposés au public le lundi 16 novembre de 15 h à 18 h, mardi 17 novembre, de 11 heures à 18 heures et le matin des ventes entre 11 heures et midi, à l’hôtel Drouot. Le catalogue est visible sur le site internet de l’étude